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Jean-René Cochet
auteur vivant de théâtre
24/05/2004
 
Pas assez de temps !
Je poste juste ce petit message, à peine revenu du festival Frictions, pour m'excuser de ne pouvoir apporter de compte-rendu immédiat.
J'ai vu des choses bonnes, moins bonnes, jamais vraiment transcendantes mais le détails arrive. Il faut juste que je dorme un peu avant...
16/05/2004
 
22h : De la guerre, de la paix
texte : Jean-Pierre Renault
mise en scène : Guy Martinez

Où il est à nouveau question d'a priori...
Puisqu'au moment où j'arrive au Musée Archéologique de Dijon, pour ce spectacle déambulatoire, je m'aperçois qu'il a été conçu par la troupe (semi-)amateure du Grenier de Bourgogne en collaboration avec des étudiants de l'école de Beaux Arts... "Mon Dieu", pensais-je.
Et à nouveau, c'est le charme qui agit... et mes convictions qui sont ébranlées, car de toute évidence, j'ai assisté là au meilleur spectacle depuis le début du festival.
Il est important pour moi de n'en rien révéler car une bonne partie joue justement sur la surprise et le rapport au public, mais ne retenez que deux choses :
- le nom de Guy Martinez (car c'est surtout son travail qui est intéressant dans ce projet, les autres interventions, en particulier plastiques, étant à mon avis plutôt mal foutues)
- l'heure et la date des prochaines représentations (car ce projet éphémère n'a aucune chance de se déplacer ensuite).

 
dimanche 16 - 17h : L'Humanité
Texte : August Stramm
Mise en espace : Stanislas Nordey

Bon, soyons francs. Même si je n'avais jamais vu auparavant de spectacle de Stanislas Nordey, j'en avais entendu parler. D'où ma méfiance en attendant d'entrer dans les sous-sols de l'Usine de Dijon, voyant déployé autour de moi, à l'occasion de cette représentation unique, tout l'attirail de relation publique du CDN de Dijon bien occupé à faire acte de présence dans le réseau des noms connus du théâtre français. Robert Cantarella et son acolyte Philippe Minyana étaient bien sûr de la partie, ainsi qu'un tas d'autres pique-assiettes culturels devisant, entre deux vols pour la péninsule ibérique, sur la majesté étonnante des Dramuscules de la veille, les conseillant à tour de bras à leurs petits camarades transis de compréhension devant ce pamphlet contre le racisme quotidien. Ecoeurant.
Mauvais a priori donc, mais suprise néanmoins devant le travail très intelligent qui devait suivre. On a vu des mises en scène moins pertinentes que cette "mise en espace"...
Des lumières finement utilisées, des comédiens (Nordey en tête) parfaits, et surtout un jeu avec le lieu, sa résonnance et son espace, que personne auparavant (à ma connaissance) n'avait eu la jugeotte de remarquer.
Bref, un grand moment de lecture/théâtre qui a remis en place, avec un budget égal à 0, le reste de la programmation jusqu'à présent.
Comme quoi les a priori....


 
22h30 : Dramuscules
texte : Thomas Bernhard
mise en scène : Marie Rémond

Je ne passse pas ma vie sur ce spectacle insignifiant, à la mise en scène inexistante et au texte négligeable (à se demander si Thomas Bernhard a écrit quelque chose d'utile dans sa vie...).
Bref, pour ne pas être totalement odieux, disons que le jeu de Julia Vidit et la rudesse des sièges de l'Orangerie empêche le spectateur de s'endormir fermement, mais je n'irai pas plus loin dans l'effort de politesse... au suivant.

 
21h : Kain, Wenn und Aber
conception et jeu : Nico & the Navigators

Ca n'est qu'en voyant arriver les comédiens sur scène que je me suis aperçu que j'avais déjà vu jouer cette compagnie. C'était en 2002, lors du festival EXIT de Créteil, et même si j'en garde un souvenir flou, je ne me souviens pas avoir détesté, ce qui est déjà une bonne chose.
"Kain, Wenn und Aber" commence par une très belle scène de présentation, lente à souhait, et qui utilise à la perfection le ressors théâtral de l'attente, le tout exécuté avec un minimalisme parfaitement dosé. Les individus connaissent leur sujet, cela ne fait pas de doute.
Ce sera d'ailleurs le seul bémol que je mettrai à ce spectacle : l'utilisation un peu trop systématique de techniques de mise en scène connues et reconnues, qui vont fonctionner certes, mais qui de mon point de vue, ne font pas vraiment avancer les choses.
Pour le reste, on assiste à un excellent travail d'acteurs servant un fond d'ailleurs très proche de celui du "Ca ira quand même" de Benoit Lambert, présenté l'année passée dans ce même festival. L'impuissance devant l'obligation de révolte, le manque de mots, le manque de désir, la suffocation devant l'autre, tous ces thèmes très proches de notre époque et qui, même s'ils n'ont aucunement la prétention d'apporter une réponse à quoi que ce soit, témoignent pourtant fidèlement de tout geste artistique aujourd'hui, de sa vanité et de son inutilité.
A voir donc.

 
premier compte rendu rapide
Je pensais que j'aurais plus de temps que celui qui m'est imparti maintenant pour relater la première partie de mon séjour à Dijon... C'est dommage, mais je vais donc essayer de faire bref.

samedi 15 mai :

18h : Les Débutantes / Beautiful Guys
texte de Christophe Honoré
mise en scène de Christophe Honoré et Thomas Adam-Garnung

Bienheureux celui qui verra ce diptyque un jour de mauvais temps dans l'infernale salle Jacques Fornier, laquelle peut rapidement devenir un sauna pour peu qu'il fasse plus de 12° à l'extérieur...
Et si seulement le spectacle pouvait détourner notre attention des gouttes de sueur qui perlent sur nos tempes... mais non.
Le texte de la première partie s'enfonce dans une description sans nuance d'un groupe de soeurs tendance "Virgin Suicides" mais en beaucoup moins glamour (on est au théâtre, n'oublions pas), tout ça servi par un jeu et une mise en scène tout juste acceptables, proches d'un réalisme néo-classique qu'on croyait réservé au cinéma.
La deuxième partie marche sur les mêmes plate-bandes et si on assiste sans broncher à moultes sodomies et masturbations, aucune recherche formelle ou intellectuelle ne vient troubler une seconde notre sensibilité, carressée dans le sens du poil par clichés et autres facilités que seul un poisseux sens commun est capable d'énoncer...
on sort donc de là en sueur et en se demandant à quoi tout ça a bien pu servir...

09/05/2004
 
en parlant de festivals...
Ce week-end débute le festival Frictions à Dijon.
J'ai organisé mon programme pour voir le plus de spectacles possible.
Même si je ne sais pas dans quelle mesure j'aurai là bas une connexion au web, je vais essayer de tenir un compte rendu assez précis de ce que je verrai, quitte à le mettre en ligne a posteriori.
Ce genre de rassemblement de création contemporaine est généralement une bonne source d'inspiration pour moi, en particulier pour la définition un peu plus claire que les spectacles m'apportent au sujet de ce que je n'ai pas du tout envie de faire.
à suivre...
07/05/2004
 
Avignon
A nouveau cette année, je ne compte pas aller au festival d'Avignon.
Non pas que je ne sois pas passionné de théâtre (autre que le mien, j'entends), mais cette foire aux bestiaux culturels me fatigue vraiment.
Je pense qu'il n'existe pas pire condition qu'un festival pour voir du théâtre.
05/05/2004
 
Chercher la plage
J'entends souvent les "gens de théâtre" se plaindre de l'absence de textes de théâtre contemporains.
Personne jamais ne trouve qu'il y a trop de raisons, trop de sujets, trop de prétextes indiscutables pour se jeter sur une scène et scander l'horreur de ce monde et des gens qui l'habitent.
C'est bien la différence entre les auteurs et les metteurs en scène.
De plus en plus, le metteur en scène ne sait même plus pourquoi il fait ce qu'il fait.
De plus en plus, l'auteur trouve des raisons pour toujours continuer.
Dans le fossé qui sépare ces deux professions, parfois, on trouve une plage ensoleillée où l'on peut s'arrêter un moment.
Alors comme je ne pourrai jamais m'arrêter d'écrire, sans relâche, je scrute l'horizon, et je cherche la plage.
03/05/2004
 
Moravia
Hier, alors que je faisais mes courses dans un supermarché de la périphérie, je suis tombé sur un énorme bac rempli de DVD, ce genre de bacs dans lequel on jette les promotions à 10, voire 5 euros.
J'ai toujours aimé ces bacs, qui me permettaient souvent d'acquérir des enregistrements très ringards de groupes oubliés, des romans de gare sentimentaux ainsi que toutes sortes de représentants d'une culture populaire de bas étage.
Seulement hier, en fouillant dans ce bac à DVD, quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur deux films de Godard, "Le Mépris" et "Made in USA".
"Le Mépris", pour 5 euros, dans un supermarché.
Tout écrivain que je suis, je ne trouve rien à dire de plus.
"Le Mépris", pour 5 euros, dans un supermarché.
J'ai immédiatement fourré les deux films dans mon panier en plastique, sans me poser de questions.
Quand je suis passé à la caisse, quelques minutes plus tard, j'ai vu avancer sur mes trophées sur le tapis roulant, au milieu des pizzas sous célophane et des bocaux de cornichons.
Je me suis souvenu d'une réplique du film.
"- Dis moi pourquoi tu me méprises.
- Non, ça je te le dirai jamais, même si je devais crever."
02/05/2004
 
Retour
Et bien me revoila. Et rien de nouveau depuis le jour de mon départ.
Je pensais avoir un peu de temps, mais le tourisme et la découverte n'en laissent guère pour les autres occupations. Ainsi le projet dont je parlais plus bas n'a pas avancé d'un poil, si j'ose dire, et je me suis en revanche payé le luxe de songer à un autre volet de cette grande saga sur l'amour.
Peut-être un long monologue, similaire au Saut dans le Vide, mettant en scène une actrice de film pornographique.
Peut-être suis-je quelque peu prude, ou sensible, mais ce type de métier m'a toujours extrèmement marqué et souvent, en regardant des photos pornographiques glânées sur internet, je me suis posé la question de savoir ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ces filles (les garçons, je m'en doute un peu). Il y a en moi ces sourds relents de morale puritaine qui me font imaginer une cantique langoureuse et intérieure scandée pendant cet acte total.
Néanmoins, je suis plutôt conscient du fait que je me trompe probablement du tout au tout et que jamais ce mystère ne pourra s'éclaircir tant que je n'aurai pas eu le courage de rencontrer et d'interroger moi-même l'une de ces jeunes filles, voire plusieurs.
Je parlerai peut-être un jour plus en détails de ce souci de la documentation, qui s'il ne m'a jamais vraiment tracassé (dans Le Saut dans le Vide, je décris Amsterdam alors que je n'y ai jamais mis les pieds), pose problème pour ce projet précis.
Devrais-je continuer, cette fois aussi, à me moquer de la vraissemblance pour développer ce qui ne sera finalement que mes propres obsessions déclinées au travers d'une nouvelle fiction floue concoctée pour l'occasion ?
Et si oui, les personnages, les histoires, les décors, tout ça n'est-il que prétexte à l'érection de ma propre angoisse, élévée toujours plus haut au dessus de ma simple condition ?