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Jean-René Cochet
auteur vivant de théâtre
30/06/2004
 
Show
C'est incroyable de voir à quel point tout le monde se moque éperduement de ce qu'on fait, de la manière dont on le fait, et de ce que ça peut bien pouvoir dire, jusqu'au jour où une personne, il en suffit d'une, considère que ça a un sens.
Dès ce moment, comme une étiquette "Bonne affaire" dans un rayon de supermarché, vous êtes l'objet de toutes les attentions, on vous bombarde de questions, de demandes de précisions, d'explications, comme si quelque chose venait d'apparaître à la surface d'une eau croupie, au travers de laquelle il était jusqu'à présent impossible de rien voir.
29/06/2004
 
Mise en scène
On me dit que je devrais me mettre serieusement à la mise en scène de mes textes.
/ me mettre sérieusement en scène /
On me dit que sans cet effort, personne ne lira jamais ce que j'ai écrit pendant toutes ces années. Car la littérature sur le web n'a jamais fonctionné, encore moins le théâtre, et aussi, on me dit de monter mes textes car il paraît qu'au début, c'est comme ça que "ça marche".
Or je me moque de comment "ça marche".
"Ca marche" comme ça veut.
Moi aussi je marche, et je marche très bien et si tout le reste marche différement, alors que chacun nous fassions de notre côté ce bout de chemin aux pas.
19/06/2004
 
colère
S'il y a une chose que je déteste plus que tout, c'est un plantage d'ordinateur alors que je suis en pleine écriture.
Théoriquement, les logiciels de traitement de texte permettent la récupération des parties non-sauvegardées, mais quand cela n'est pas possible (pour des raisons que j'ignore), je suis dans l'obligation de ré-écrire un paragraphe (rarement plus). Le souvenir flou de ce que j'avais écrit l'emporte alors sur la nouvelle prose que je peux inventer et je reste bloqué dans la frustration d'avoir perdu quelque chose de primordial.
Bien entendu, ça n'est pas le cas, et il est très probable que le nouveau paragraphe soit tout à fait à la hauteur du premier, mais le simple fait de ne pas pouvoir le vérifier me désespère.
Le plantage d'ordinateur, c'est l'incendie d'une bibliothèque antique, le mystère qui entoure des textes que nous ne pourrons plus jamais lire, et la somme d'admiration qu'on met dans ce qui a disparu.
Certains me répondront qu'il suffirait, pour éviter ces désagréments, d'écrire sur du papier. Mais j'ai déjà eu ce genre de déconvenue avec les bons vieux blocs à petits carreaux. Oubliés dans un train, rendus illisibles par un dégat des eaux, etc., etc.
Ainsi jamais nous ne sommes à l'abri de la disparition de nos productions.
Pour se sortir de ces malheureuses aventures, il n'y a donc qu'une solution : éviter de trop sacraliser ce qui sort de nous et accorder un tant soit peu d'importance à la source de ces créations, c'est à dire nous-mêmes. L'équilibre est à trouver, afin de n'être ni trop prétentieux, ni trop humble. Et avancer.
16/06/2004
 
Jean-Lambert Wild
Un entretien de Jean-Lambert Wild, metteur en scène absolument frappé, mais pas secoué, sur www.fluctuat.net.
A la lecture, on a l'impression que tout ça a été fait par écrit.
Je n'en sais rien.
Mais pour avoir rencontré l'individu, je peux vous dire que son langage parlé ressemble beaucoup à ça... c'est dire l'ampleur du bonhomme.
14/06/2004
 
effectif
Du côté du public, on ne s'en rend peut-être pas bien compte, mais mine de rien, et malgré tous les mensonges que le nouveau ministre de la culture aura la subtilité d'inventer, je me suis aperçu que les projets théâtraux en préparation pour les prochaines années impliquent très peu de comédiens.
Quand auparavant, il n'était pas rare de rencontrer des compagnies composées de 7 à 10 membres, la tendance est désormais à une mortelle économie qui oblige les metteurs en scène à jongler avec les rôles.
Ainsi, monter un classique devient extrêmement compliqué et on verra bientôt se multiplier les pièces où 2 ou 3 comédiens joueront tous les rôles.
Je serai très heureux de me tromper, mais en cette période de découverte des saisons 2004-2005 des théâtre de France, regardez bien.
L'avenir du théâtre, c'est (malheureusement) le one-man-show.
13/06/2004
 
à propos de Frictions
Oui, bien sûr, je ne tiens pas mes promesses.
Et si j'avais prévu de faire un compte rendu précis des pièces que j'avais vu lors de ce festival, je viens de décider d'y renoncer.
Il ne s'agit pas de manque de temps car j'ai toujours pensé qu'on avait le temps qu'on voulait bien se donner. Ainsi j'ai mis la priorité sur d'autres choses, comme marcher dans les zones résidentielles et regarder au travers des portes-fenetres, parfois même m'attarder derrière les haies de tuyas pendant qu'un barbecue familial se déroule juste de l'autre côté. Je réussis parfois à entendre le souffle des enfants qui s'écroulent dans le gazon tondu, à quelques centimètres de moi, sans me voir. Et surtout les conversations de leurs parents. C'est dans ces situations que j'en apprends le plus sur ces individus qui m'entourent et qu'on appelle "les gens". J'écoute "les gens". Voila ce que je fais. Au lieu d'écrire des comptes rendus.
C'est grave, docteur ?
04/06/2004
 
jeudi 20 mai - 15h : Erotica Asphyxia
texte et mise en scène : Hauke Lanz
Scénographie, création vidéo et son : Judith Baudinet

Certes le projet avait de quoi séduire : une exploration de nos fantasmes et pulsions sexuelles à travers un traitement plastique plutôt que théâtral, par hybridation des genres et fusion des procédés.
Seulement si le tout fonctionne sur la papier, on est malheureusement outré par le résultat, au texte insipide servi par des comédiens pas vraiment convaincus, pour ne pas dire carrément pas impliqués.
Ne soyons pas si négatifs, certaines images sont superbes, en particulier grâce à une utilisation des lumières très à propos, mais jamais une seule fois on ne verra du théâtre, et encore moins l'exploration des fantasmes annoncée.
Assomés par la lourdeur esthétique du projet ? Inconscients des enjeux qu'imposent la mise en scène d'hommes de chair et d'os sur un plateau de théâtre ? On ne saura jamais ce qui a plombé ce projet dans l'execution qu'en ont faite ces deux plasticiens, mais le résultat est malheureusement évident : on s'emmerde.
03/06/2004
 
dialogues
Avant de continuer mon (laborieux) compte-rendu du festival Frictions, je note ici une idée de travail qu'il pourrait être amusant de mener à terme :

Se connecter à un système de dialogue en direct (style Caramail), créer un salon vierge et attendre le passant.
On enregistrera ensuite les dialogues échangés qu'on mettra en scène. La collision physique/virtuel pourrait être particulièrement intéressante...